Aimer et servir dans la vie religieuse ignatienne

Publié le 27 avril 2025


La consécration à travers les traditions religieuses

La consécration, cet acte qui transforme le profane en sacré, est présente dans de nombreuses traditions spirituelles à travers le monde. Elle représente un pont entre l’humain et le divin, permettant de dédier des lieux, des objets ou des personnes au service d’une réalité transcendante.


Cultes animistes et chamaniques

Tous les cultes animistes et chamaniques connaissent des rituels visant à consacrer:

  • Un lieu de prières
  • Une représentation artistique
  • Une offrande
  • Une personne désireuse d’être en contact avec les esprits

Exemple des moaï de l’île de Pâques: Ces statues monumentales étaient taillées dans des blocs de roches volcaniques qui ne recevaient leurs yeux et n’étaient véritablement consacrées qu’une fois:

  • Coiffées de leurs pukao (coiffe cérémonielle)
  • Dressées sur leur socle définitif
  • Alignées selon les rites prescrits

Cette pratique s’explique probablement par le risque de bris durant le transport, les statues n’étant encore que de simples pierres jusqu’à leur érection réussie, moment où elles devenaient objets de culte.


Judaïsme

Dans l’ancien judaïsme pré-exilique (587 avant J.-C. – 70 après J.-C.), la consécration prenait une forme particulière:

  • Un homme ou une femme pouvait prendre ou recevoir le statut de nazir (נזיר)
  • Ce terme signifie « consacré » dans le sens de « se séparer du monde au profit de la divinité »
  • On trouve ce concept à dix reprises dans les textes: Lévitique 15,31 ; 22,2 ; Nombres 6, 2.3.5.6.12 ; Ézéchiel 14,7 ; Osée 9,10 ; Zacharie 7,3

Monde romain

Dans la Rome antique, la consécration avait une dimension politique majeure:

  • Elle était accordée aux personnages politiques importants comme Jules César
  • Puis aux empereurs appréciés et aux membres de la famille impériale
  • Cette pratique intervenait après leur mort
  • Elle conférait à ces personnes le statut de divinité

Objectifs:

  • Renforcer la légitimité du successeur
  • Perpétuer la mémoire d’un être cher à l’empereur

Exemples notables:

  • Consécration d’Auguste par Tibère
  • Consécration de Faustine l’Ancienne par Antonin le Pieux
  • Consécration de Faustine la Jeune par Marc-Aurèle

À l’opposé, un empereur impopulaire pouvait subir la damnatio memoriae, l’exact contraire de la consécration.


Hindouisme et zoroastrisme

Ces traditions ont développé un rituel particulier hérité du védisme:

L’agnichayana (« consécration du feu »):

  • Sacralise l’autel pour le feu des différentes liturgies comme les yajnas
  • Se distingue par de petits murs, avec ou sans cheminée, et un toit
  • Différencie ce feu sacré purificateur des feux profanes et utilitaires
  • Est surplombé symboliquement par un faucon en pierre

Rituels anciens:

  • Sacrifice de chèvres
  • Présence requise d’une vingtaine de prêtres pour la consécration

Signification spirituelle: Les rituels issus de l’agnichayana visent à manifester aux yeux des croyants:

  • L’Un, c’est-à-dire l’unité fondamentale du monde
  • Le lien permanent entre l’Humain et l’Univers

Ce concept trouve un écho dans le judaïsme à travers le tétragramme YHWH (yōḏ י, hē ה, wāw ו, hē ה), dont l’une des traductions les plus spirituelles est « je suis ce que Tout est ».


Notes et références

[1], [2], [3] Références concernant les moaï de l’île de Pâques
[4] Référence sur le terme nazir dans le judaïsme
[5] Référence sur les consécrations dans la Rome antique
[6] Référence sur l’agnichayana dans l’hindouisme et le zoroastrisme
[7] Référence sur l’interprétation du tétragramme YHWH

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